Président LabFilms, Strasbourg
Je suis Timothée Euvrard, Président de l’association LabFilms, association qui organise le Festival du Film de l’est à Strasbourg, le Marathon Vidéo 48h de Strasbourg et qui édite une plateforme web pour la valorisation des créations audiovisuelles et auto-produites.
Quel est votre parcours professionnel ?
Je suis issu d’un parcours universitaire. J’ai fait des études de cinéma à l’Université de Strasbourg puis un master en coproductions internationales de film. Puis en 2017, j’ai eu l’occasion de travailler sur des tournages locaux en régie.
Cette même année, j’ai créé l’association LabFilms avec cet objectif de lancer une plateforme web pour mettre en réseaux et valoriser les compétences des personnes en voie de professionnalisation dans les métiers de l’audiovisuel régional.
En parallèle, j’ai suivi un parcours de thèse en sociologie des arts et de la culture à l’Université de Paris 3 Sorbonne Nouvelle, que j’ai récemment finalisé en 2023. Durant ce temps, j’ai aussi travaillé dans l’association LabFilms, pour suivre un parcours d’incubation tout au long de l’année 2020, dans l’incubateur Fluxus de la DRAC.
En 2021, nous avons créé le Festival du Film de l’est et reprit l’organisation du Marathon Vidéo 48h au sein de l’association Labfilms.
Suite à mon contrat de Chargé de recherche à l’Université de Paris 3 Sorbonne Nouvelle, en tant que Doctorant, j’ai également travaillé dans la médiation artistique et culturelle dans l’association Art’Soc’, présente dans le Haut-Rhin.
Je coordonnais des ateliers, des projets artistiques auprès de publics accompagnés par des structures sociaux-éducatives de type Mission locale, Protection judiciaire de la jeunesse. Et puis récemment, j’ai travaillé au Bureau des images Grand est, à la Commission du film de la région Grand est, en remplacement temporaire où j’étais Chargé d’accueil des tournages sur le territoire alsacien.
Mon parcours est donc à la fois académique et entrepreneurial dans le secteur culturel.
Qu’est-ce que le Marathon Vidéo 48h ?
Le MV48H de Strasbourg, est un évènement qui a aujourd’hui une notoriété importante puisqu’il est assez ancien : on était en 2024 à la 17ème édition. L’évènement a successivement été organisé par plusieurs collectifs, à la base La Cité de la Prod, puis de Red Revolver. L’association LabFilms l’a repris en 2021 avec de nouvelles personnes ainsi que des anciennes afin de prolonger cet évènement.
À la base LabFilms et le MV48H se sont rapprochés pour l’utilisation de la plateforme de diffusion afin d’aider à la constitution des équipes en amont du MV48H et puis ensuite pour exposer les films et profils des personnes qui ont participé à l’évènement. Nous voulions créer une continuité numérique à cet évènement. Suite à quoi, on nous proposé de reprendre l’organisation, que nous avons intégré à la proposition associative globale.
Que pensez-vous du secteur audiovisuel dans le Grand est ?
À la base en Alsace il y a une tradition de réalisation documentaire assez forte, aujourd’hui avec un écosystème assez développé. Depuis quelques années, il y a une nouvelle génération de producteurs qui développent beaucoup de projets de fiction pour essayer de développer la fiction locale, le court-métrage et le long-métrage. En sachant que les long-métrages sont moins initiés localement mais viennent se tourner depuis Paris en région Grand-est.
Il y aussi un tissu de sociétés de production tournés vers les films institutionnels, corporate, publicitaires et clips avec Strasbourg en tant que gros pôle dans le Grand est. Le Bureau des images du Grand est travaille à rendre l’ensemble des villes du Grand est à être attractives. D’ailleurs plusieurs collectivités (Mulhouse, Colmar, Nancy, Metz…) ont mis en place à travers ce qu’on appelle le réseau PLATO, des fonds de soutien pour soutenir le cinéma qui viendrait se tourner dans leur ville.
Il y a une volonté d’accueil des tournages qui est très dynamique sur tout le Grand est. Strasbourg a un fond de soutien particulièrement important, par exemple le Bureau des tournages est autonome, ce que n’ont pas les autres villes. Sur chacun des tournages géré par les Chargés d’accueil de tournages, tout est fait en sorte pour qu’un maximum de techniciens puissent venir se professionnaliser et travailler sur des tournages.
Cette politique d’accueil de tournages de la part de la Région Grand est, destinée à soutenir le cinéma et l’audiovisuel est à hauteur d’environ 7 millions d’euros. Elle vise à attirer un maximum de tournages de manière à ce qu’il y est des retombées économiques et que la filière se structure. D’ailleurs, le secteur est en expansion car le nombre de jours de tournage augmente d’année en année (800 jours en 2023 et pareil en 2024).
Ce qui intéresse LabFilms c’est qu’il y a aussi un tissu de collectifs associatifs grâce aux formations universitaires, d’écoles ou autres qui fournissent tout un vivier d’étudiants et de personnes qui s’impliquent dans des tournages auto-produits ou associatifs. Ce sont aussi des personnes qui participent au MV48H. La plateforme LabFilms a pour but de valoriser ces films et de faire en sorte que toutes ces personnes qui travaillent puisse accéder à la professionnalisation, s’ils ne le sont pas déjà.
Il y a donc un tissu assez riche entre sociétés de production, prestataires techniques, Bureaux d’accueil des tournages, associations, festivals, auteurs, réalisateurs, porteurs de projets, auto-producteur de films…
Que pensez-vous de l’ouverture de Studio M Strasbourg ?
Studio M propose des formations audiovisuelles professionnalisantes à Strasbourg qui viennent compléter l’offre existante, qui je pense est encore assez restreinte car actuellement il n’a pas un nombre important d’écoles qui forment des professionnels et l’Université qui n’a pas cette vocation.
Cette ouverture va participer à dynamiser cet écosystème, en espérant que les débouchés derrière continuent de se développer. Elle participe également à avoir davantage de personnes qualifiées pour contribuer au dynamisme et à la professionnalisation de la filière audiovisuelle et cinéma locale.